Quichotte - Gwenaël Morin

Faire du théâtre avec peu, beaucoup en rêvent… Gwenaël Morin lui, le met en acte depuis vingt ans. Il n’a de cesse de débarrasser l’art dramatique de ses colifichets, le mettre au contact de la vie pour lui redonner une urgence, une intensité, une dimension dionysiaque qui s’étaient largement perdues.

Il se lance aujourd’hui à l’assaut du chef-d'œuvre de Cervantes avec la promesse de le mettre sens dessus dessous. Pour pourfendre les moulins, Gwenaël Morin choisit l’insaisissable et flamboyante Jeanne Balibar en héroïne picaresque. Marie-Noëlle campe sa monture, Thierry Dupont est Sancho Panza tandis que le metteur en scène endosse lui-même le rôle de l’âne portant fardeau. Une décapante aventure théâtrale qui est aussi une puissante sublimation des différences ! Une ouverture de saison désarçonnante et enthousiaste.

Se jetant à cœur perdu dans une impossible quête de justice, Don Quichotte a tout quitté, particulièrement ses chers livres. On le dit fou, mais il est seulement décalé, croyant dur comme fer à sa mission d’améliorer le sort de l’humanité. La norme se chargera de faire entendre raison à cet infatigable batailleur. Ainsi va le monde, dans toute sa cruauté devant l’altérité. Quichotte et sa Rossinante, Sancho et son âne affronteront mille péripéties et la comédie fera parfois grincer des dents… Mais la folie sincère de notre héros n’est-elle pas absolument nécessaire ? Créé en juillet 2024 pour le Festival d’Avignon, Quichotte est le deuxième opus d’un répertoire que le metteur en scène déploie sur quatre ans, intitulé « Démonter
les remparts pour finir le pont ». On est emportés par un spectacle qui semble s’inventer sur le vif, rien que pour nous.